Sa construction a été décidée en Août 1920 et a nécessité un recours à l’emprunt, comme en témoigne la délibération prise par le Conseil Municipal de l’époque.
Sur ses côtés sont gravés les noms de 46 soldats de notre commune, morts durant la première guerre mondiale; c’est ainsi que l’on dénombre 10 décès pour l’année 1914, 17 en 1915, 7 en 1917, 4 en 1917 et 8 en 1918. La délibération faisant état de 48 « Braves mort(s) aux champs d’honneur », on peut penser que deux soldats seraient décédés des suites de leurs blessures entre 1919 et 1920. Lorsque l’on se réfère à la population recensée en 1912, soit 661 personnes, on imagine aisément le nombre de familles touchées par ces décès. A cette longue liste est venue s’ajouter une victime de la Guerre d’Indochine. Par contre, notre commune n’a heureusement pas eu à déplorer de morts aux combats durant les conflits de 39-45 et d’Algérie.
Érigé à la mémoire de tous ceux qui ont vécu et combattu pour que la liberté et les intérêts de notre patrie soient préservés, notre Monument aux Morts est, comme dans tous les villages de France, le témoin de la considération de ses habitants pour le monde combattant de toutes les guerres et de toutes les races.
Cette dimension universelle a pris une réelle signification le 11 novembre 2002, date à laquelle une croix de pierre, installée à droite du Monument, a été officiellement présentée à la population. Sur cette stèle a été fixée une autre croix, dite épée, initialement placée sur la sépulture d’un soldat russe et dont la forme rappelle effectivement une épée fichée en terre avec un rameau d’olivier et frappée de la croix de guerre.
Des croix identiques ont également pris place près des monuments aux morts de chaque commune du canton, ainsi qu’à Arthaz-Pont-Notre-Dame, sur l’initiative du comité cantonal de Reignier du Souvenir Français qui avait émis l’idée de réhabiliter 11 croix originelles et de les remettre à l’honneur, en des lieux de fréquentation publique. Ces croix, initialement en fonte, étaient en place depuis 1922 au carré militaire de la Seyne sur Mer. A l’occasion de la réfection récente de ce cimetière, elles ont été remplacées par d’autres en pierre et celles en bon état ont été offertes aux comités qui en trouveraient l’usage.
Sur chaque croix, en lieu et place du nom du disparu, on peut ainsi lire la provenance et la raison de leur réhabilitation en Haute-Savoie: « Cette croix épée est l’une des soixante–dix croix érigées à la mémoire de soldats russes et français d’origine russe des environs de Toulon, qui appartenaient à des régiments constitués russes et sont tombés en 1916 et 1917 sur la terre de France pour la cause alliée ou décédèrent des suites de leurs blessures à l’hôpital de la Seyne-sur-Mer. La réfection du carré militaire franco-russe de cette ville qui procéda au remplacement des croix en 1999 les a dispersées ; mais onze ont retrouvé aujourd’hui, grâce à l’accueil unanime des communes, valeur de souvenir dans le canton de Reignier et à Arthaz voisine ».
Notre commune a donc, comme toutes les autres du canton, accepté l’installation de cet ornement qui rappelle qu’aux côtés de nos poilus, de jeunes étrangers ont combattu et fait sacrifice de leur vie pour la terre de France, puisque la croix installée à La Muraz se trouvait sur la sépulture de Daniel NIKONIENKO, décédé le 17 février 1917 à l’âge de 32 ans.